« Ce qui anime un comédien est complexe. D’autant plus lorsque celui-ci joue son propre texte. Une fois le spectacle joué, il faut trouver une énergie semblable ou nouvelle pour ré-éditer sa performance à la hauteur de ce qu’on attend de nous, voire la dépasser.
Je me rappelle en jouant pour Brasse Brouillon que cette question m’est tombée dessus un soir de première. Après s’être mutuellement félicités, un spectateur est venu nous demander quand nous rejouerions la pièce. Moi-même et les trois autres comédiens nous nous sommes regardés, muets. Déjà heureux d’une réussite, nous n’avions pas prévu de dates ultérieures.
Depuis la compagnie s’est professionnalisée, mais plus que la représentation, c’est le sentiment de création qui continue de dominer. L’idée que chaque spectacle a son histoire, possède sa place, et que chaque date réalisée doit se savourer en tant que telle. C’est ce qui donne la force aujourd’hui de proposer des projets toujours singuliers et adaptés à l’environnement. Et c’est ce qui fait que les souvenirs partagés des spectacles précédents sont toujours chargés de détails pour le spectateur comme pour les artistes. Ici rien ne se remplace. Tout nous importe, un rien nous emporte. »