J’ai envie de jouer avec la rue dans sa banalité. Avec ses maisons, ses bancs publics et ses traces que l’on ne voit même plus. Tous ces lieux ont pourtant été le décor de nombreux instants oubliés. Parfois ces fragments de temps se sont même retrouvés emprisonnés dans le bâti. J’ai envie de jouer à raconter des histoires avec ces lieux.
J’ai envie de jouer avec les codes d’un « parcours de formation » pour pouvoir bouger librement dans la rue et aller voir les quartiers ou les villages dans lesquels l’espace public ne ressemble pas à un décor de carte postale.
J’ai envie de sonoriser ces déplacements et que le son joue un rôle à part entière.
J’ai envie de jouer avec la notion de « post‐vérité » qui voudrait que la différence entre faits réels et mensonges soit dépassée.
J’ai envie de jouer avec l’hypocrisie des discours qui valorisent certains lieux prestigieux mais se réfugient derrière l’argument du manque de moyens quand il s’agit de réduire les inégalités territoriales.
J’ai envie de jouer avec ces « étrangers intimes » (Leo Braudy), les célébrités qui ont bercé ma jeunesse.
J’ai envie que les habitants d’une commune ou d’un quartier s’approprient des lieux véritables à partir d’histoires fausses. Et inversement.
J’ai envie que le jeu continue, même après le spectacle.
Arnaud Ladjadj, mars 2020